Gaz naturel : l’Asie sous pression, l’Europe soutient les prix
Les prix spot du gaz naturel liquéfié (GNL) en Asie ont enregistré une légère hausse cette semaine, soutenus par des prévisions météorologiques plus froides qui stimulent la demande en Corée du Sud. Cette progression reste toutefois limitée par la faiblesse persistante des achats en Chine, qui a contribué à une chute cumulée des prix d’environ 34 % depuis le début de l’année 2025.
Selon des sources industrielles, le prix moyen du GNL pour une livraison en février en Asie du Nord-Est a été estimé à 9,60 dollars par million d’unités thermiques britanniques (mmBtu), contre 9,50 dollars la semaine précédente. Ce niveau demeure le plus bas observé depuis avril 2024, traduisant un marché encore marqué par l’abondance de l’offre.
« Le marché continue de subir la pression d’une demande asiatique structurellement faible, dans un contexte d’indicateurs économiques peu encourageants et de la disponibilité d’alternatives énergétiques comme le charbon en Chine. Par ailleurs, le phénomène La Niña n’a pas encore provoqué les épisodes de froid attendus », explique Klaas Dozeman, analyste chez Brainchild Commodity Intelligence. Il estime toutefois que les vagues de froid annoncées en Corée du Sud et en Chine pourraient entraîner une hausse modérée de la demande à court terme.
Cet intérêt se manifeste déjà en Corée du Sud, où les températures devraient atteindre leur plus bas niveau depuis deux ans le 26 décembre. « Un regain d’achats au comptant est perceptible, et cinq cargaisons ont récemment été détournées de la Chine vers la Corée du Sud », souligne Martin Senior, responsable de la tarification du GNL chez Argus.
En Europe, les prix du gaz ont également progressé légèrement, dans un marché caractérisé par de faibles volumes d’échanges à l’approche des fêtes de Noël. Les perspectives d’une vague de froid ont néanmoins ravivé la demande. Le 23 décembre, S&P Global Energy a évalué le prix journalier du GNL d’Europe du Nord-Ouest pour une livraison en février à 9,001 $/mmBtu, affichant une décote de 0,53 $ par rapport au hub néerlandais TTF. Argus et Spark Commodities ont, de leur côté, fixé des niveaux proches, autour de 9 $/mmBtu.
Pour le début du premier trimestre 2026, l’Europe centrale et orientale apparaît comme un acheteur ferme. « Face à la baisse des flux de gaz et de GNL en provenance des gazoducs russes, et au faible intérêt de l’Asie et de l’Afrique du Nord pour les volumes spot, l’offre supplémentaire devrait majoritairement se diriger vers l’Europe », analyse Aly Blakeway, responsable du GNL Atlantique chez S&P Global Energy.
Enfin, sur le marché du fret, les tarifs transatlantiques ont reculé pour la quatrième semaine consécutive à 80 750 dollars par jour, tandis que les tarifs transpacifiques ont légèrement diminué à 71 250 dollars par jour. Cette baisse réduit l’attractivité de l’arbitrage vers l’Asie via le cap de Bonne-Espérance, même si l’Europe demeure la destination privilégiée des cargaisons de GNL.
