Matière première : les cours du cacao explosent - FINECO

Matière première : les cours du cacao explosent

Matière première : les cours du cacao explosent

L’or brun n’a jamais aussi bien porté son nom. À quelques jours du week-end de Pâques, le chocolat a dépassé les 10.000 dollars la tonne ce mardi à New-York. L’inflation est limitée pour le moment, mais risque de se faire ressentir d’ici quelques mois dans les rayons.

La tonne de cacao a franchi le seuil des 10.000 dollars la tonne. Pour la troisième année consécutive, le marché aggrave son déficit, en raison de récoltes en Afrique de l’ouest en chute en raison des aléas climatiques. Sur les marchés aujourd’hui, l’antique fève du cacao surperforme Nvidia, la star de l’IA comme le remarque l’agence Bloomberg. La tonne de cacao a dépassé le seuil historique de 10.000 dollars. Ce mercredi, en fin d’après-midi, le prix était en retrait, de 2%, à 9.430 dollars. En un mois, le cours de la fève a bondi de 45% et sur un an il s’envole de près de 238%. L’action Nvidia, elle, s’est appréciée de 14,7% sur un mois et de 240% sur un an. Cette flambée est avant tout le résultat du déséquilibre entre la production et la demande mondiale, le marché du cacao est prévu de se retrouver en déficit en 2024 pour la troisième année consécutive. Il devrait s’établir à 374.000 tonnes sur la saison 2023-2024, contre 74.000 tonnes la saison précédente, soit le pire déficit en 60 ans, selon l’Organisation mondiale du café et du cacao (ICCO).

« La mauvaise récolte dans les principaux pays producteurs, la Côte d’Ivoire et le Ghana, a entraîné des pénuries d’approvisionnement », note John Plassard, économiste chez Mirabaud Equity Research. Ainsi, le Ghana a revu ses prévisions de production de cacao à la baisse, passant de 850.000 tonnes à 650.000 tonnes pour l’année en cours. Fortes pluies et chaleur extrême Comme c’est souvent le cas pour les produits agricoles, ce sont les conditions climatiques qui ont conduit à ce résultat. « El Niño a provoqué de fortes pluies en décembre, ce qui a endommagé les cultures et favorisé la propagation de la maladie des cabosses noires. La chaleur extrême qui a suivi, le vieillissement des cacaoyers et l’exploitation minière illégale ont encore réduit la production », énumère l’analyste.

La cherté des fèves poussent également des usines de cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana à réduire leurs activités de broyage (pour transformer la fève en poudre et en beurre). Par ailleurs, l’Autorité de régulation du café et du cacao (ARCC) en Côte d’Ivoire a indiqué que la récolte intermédiaire du pays (il y a deux récoltes annuelles), qui débute en avril, devrait être en forte baisse. Face à cette situation, les broyeurs sont obligés de puiser dans leurs stocks qui, à l’échelle mondiale, sont en constante baisse. La flambée du prix du cacao n’est pas une bonne nouvelle pour les amateurs de chocolat, en cette veille de fêtes de Pâques, dont la gourmandise va devenir plus coûteuse, les producteurs répercutant la hausse du prix de la matière première sur le consommateur final.

La pénurie actuelle devrait être une forte incitation à moderniser la filière, notamment en permettant aux petits producteurs de bénéficier plus largement de la hausse des prix, pour assurer la durabilité de la production de cacao et répondre à la demande mondiale croissante de chocolat.