Niger : Orano envisage de céder ses actifs d’uranium

Le groupe nucléaire français Orano envisage de céder ses actifs d’uranium au Niger, sur fond de relations de plus en plus tendues avec les autorités militaires au pouvoir depuis le coup d’État de juillet 2023, rapporte le Financial Times.

L’Etat nigérien pourrait se positionner parmi les acheteurs potentiels des actifs d’Orano. La junte au pouvoir depuis 2023 a en effet fait de la valorisation des ressources naturelles au service des intérêts nationaux une priorité. Elle a retiré à Orano le permis d’exploitation d’Imouraren puis bloqué les exportations d’uranium de la compagnie française.

L’Etat nigérien, qui a ensuite pris le contrôle de la Somaïr (qu’il détient à 36,4 %) pourrait poursuivre dans cette voie en rachetant la part d’Orano dans la société. Une telle solution permettrait notamment d’éviter un litige autour de la seule mine d’uranium active du pays, d’où aucune tonne de « yellow cake » n’a été exportée depuis bientôt deux ans.

Selon des informations relayées ces derniers mois par la presse internationale, la Russie aurait manifesté son intérêt pour l’uranium nigérien à plusieurs reprises. En juin 2024, Bloomberg rapportait l’existence de discussions entre la compagnie nucléaire russe Rosatom et Orano en vue d’un possible rachat.

Si l’information avait été rapidement démentie par les deux parties, Le Monde a toutefois révélé le 2 avril dernier que la Russie chercherait à acquérir une partie des quelque 1 400 tonnes de concentré d’uranium stockées sur le site de la mine d’Arlit, exploitée par la Somaïr. Alors que des négociations en ce sens seraient en cours avec les autorités nigériennes, la décision d’Orano de vendre ses actifs pourrait élargir le contenu des échanges.

Selon Alparslan Bayraktar, ministre turc des Ressources naturelles, cette initiative « vise à aider les entreprises turques à entreprendre des travaux d’exploration au Niger ». D’après des informations rapportées par Bloomberg, cette démarche s’inscrirait dans une stratégie plus large visant à sécuriser l’approvisionnement de la Turquie en uranium nigérien pour alimenter son industrie nucléaire naissante. Dans ce contexte, une éventuelle mise en vente des actifs d’Orano pourrait représenter une opportunité d’approfondir le partenariat naissant entre les deux pays.