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Cryptomonnaies : la justice africaine face aux défis du droit numérique

Cryptomonnaies : la justice africaine face aux nouveaux défis du droit numérique

Les enjeux juridiques liés aux cryptomonnaies s’invitent au cœur du débat judiciaire en Afrique. Ce mercredi 17 décembre, un colloque régional s’est ouvert à l’École de Formation des Professions Judiciaires (EFPJ) d’Abomey-Calavi, autour du thème : « Les défis de la cryptomonnaie pour le droit africain et les professionnels de la justice : enjeux et perspectives ».

Pendant trois jours, experts, chercheurs et praticiens du droit, venus de plusieurs pays de la sous-région, se réunissent pour analyser l’impact croissant des monnaies numériques sur les systèmes juridiques africains. L’objectif est clair : mieux comprendre un phénomène en pleine expansion et préparer les acteurs de la justice à y faire face efficacement.

Dès l’ouverture des travaux, la directrice générale de l’EFPJ, Bernadette Houndékandji Codjovi, a rappelé la complexité du sujet. Les discussions porteront notamment sur l’analyse des législations nationales et régionales, leur conformité aux normes internationales, ainsi que sur la protection des investisseurs face à la volatilité des cryptomonnaies.

Au programme figurent également des réflexions sur la compétence des juridictions ordinaires, la possible création de chambres spécialisées et les conflits de lois dans un écosystème numérique décentralisé. Autant de questions cruciales dans un contexte où les cryptomonnaies échappent aux frontières et aux cadres juridiques traditionnels.

Opportunités économiques, risques juridiques

Si les cryptomonnaies offrent des opportunités réelles, elles comportent aussi des risques majeurs. Pour Gilbert Ulrich Togbonon, directeur adjoint de cabinet du ministère de la Justice, cette évolution impose une réforme en profondeur des cadres juridiques et des pratiques judiciaires.

« Les cryptomonnaies favorisent l’inclusion financière et l’innovation, mais elles exposent aussi à la cybercriminalité, à la fraude, au blanchiment d’argent et à une volatilité extrême », a-t-il souligné. L’absence de régulation harmonisée et la multiplication des conflits de juridictions complexifient davantage la tâche des autorités judiciaires.

Pour répondre à ces défis, le colloque propose une série de communications et de panels thématiques. Les échanges couvrent un large spectre : des fondamentaux des cryptomonnaies à leurs implications pénales, en passant par la fiscalité, la propriété intellectuelle, la preuve judiciaire et les perspectives futures de régulation.

L’enjeu est avant tout pédagogique. « Magistrats, avocats, officiers de police judiciaire, régulateurs et décideurs doivent être préparés, formés et techniquement outillés », a insisté Gilbert Ulrich Togbonon. Anticiper les mutations en cours devient indispensable pour garantir la sécurité juridique et protéger les citoyens.

Vers une réponse juridique africaine coordonnée

À travers cette initiative, l’EFPJ entend contribuer à l’émergence d’une réponse juridique africaine cohérente face aux cryptomonnaies. Dans un monde numérique en constante évolution, la justice africaine est appelée à se moderniser, sans renoncer à ses principes fondamentaux.

Ce colloque marque ainsi une étape importante. Il ouvre la voie à une réflexion collective sur la régulation des monnaies numériques, afin de concilier innovation, sécurité et respect de l’État de droit sur le continent.